Suren Erkman

Pas facile de choisir une filière lorsque l’on s’intéresse un peu à tout. Au lendemain du bac, je me décide finalement pour les Lettres à Genève. Au milieu des années 1970, les étudiants y sont gâtés : Emmanuel Levinas, Jacques Derrida, Jacques Bouveresse, Michel Butor… en plus des célébrités genevoises (Jean Starobinski, Jeanne Hersch, etc.). Mais à force de disséquer les textes en pleine fièvre structuraliste, j’éprouve le besoin d’une approche plus scientifique : je réalise donc un mémoire de licence en histoire et philosophie des sciences. J’avais également, entre temps,  suivi le cursus de biologie.

Un ami me signale alors que la Tribune de Genève cherche un journaliste scientifique. Comme tout bon étudiant en Lettres (de l’époque du moins), je considère le journalisme de haut, mais l’idée de faire de la vulgarisation me plaît. A ma grande surprise, l’exercice me passionne. Je commence à rédiger des «piges» pour divers journaux, puis je suis un stage à L’Hebdo. En 1990, je rejoins le Journal de Genève et passe à la TSR en 1992.

Deux ans plus tard, je pars travailler à New Delhi, au sein d’un nouveau magazine de science et d’environnement (Down to Earth), une expérience très marquante. De retour en Suisse, je crée l’Institut pour la communication et l’analyse des sciences et des technologies (ICAST). Dès le milieu des années 1990, je m’adonne pleinement au développement d’un nouveau domaine, l’écologie industrielle. De fil en aiguille, j’en viens à soutenir une thèse en sciences de l’environnement à l’Université de technologie de Troyes. Dans la foulée, je crée trois entreprises de conseil en écologie industrielle : EIC à Paris, ROI à Bangalore, et SOFIES à Genève.

Une première charge de cours à l’EPFL me montre à quel point l’enseignement et les échanges avec les étudiants sont stimulants. Puis c’est, en 2005, la mise sur pied d’un groupe d’écologie industrielle dans la nouvelle Faculté des géosciences et de l’environnement de l’UNIL. En 2008 enfin, mon Alma Mater genevoise me permet de renouer avec mes premières amours professionnelles, en m’invitant à enseigner l’information scientifique dans le cadre de son Master en communication : la boucle est ainsi bouclée – la moindre des choses lorsque l’on professe dans le domaine de l’environnement…