Darius Rochebin

J’ai honte, je l’avoue, de mes longues années d’études universitaires. C’est un petit secret que j’hésite à confesser : huit ans à la Faculté des Lettres, d’innombrables cours séchés, des séminaires bâclés. J’en ai ressenti du dégoût. Mais avec le recul, le point de vue change. Le temps perdu est souvent du temps gagné. Ces années de bohême m’ont permis de tâter de tout. J’ai accumulé les petits boulots. J’ai effectué des centaines de remplacements dans des collèges, pour découvrir que l’enseignement n’était pas fait pour moi. Je me souviens aussi de la petite annonce affichée dans l’Université, à côté de la salle B 106 : « Le Journal de Genève cherche pigistes. » Un franc la ligne, un salaire de misère, mais c’était un commencement. Si j’avais la prétention de donner un conseil aux étudiants, je leur dirais : soyez mobiles, variez autant que possible les expériences pratiques. Elles comptent double : pour soi, et pour l’employeur futur, qui les notera avec intérêt. Choisir toujours le mouvement plutôt que l’immobilité. C’est d’ailleurs la réminiscence d’un cours de latin – preuve que l’Uni m’aura tout de même laissé des souvenirs heureux. Lors du combat décisif, à Pharsale, les hommes de César sont épuisés, mais portés par l’attaque. Ils écrasent les troupes de Pompée, gardées fraîches, mais dépourvues d’élan.